Samedi dernier à Libreville, le garant du football au Gabon a enfin constaté la dégringolade de notre sport roi au point d’appeler à des nouvelles assises.
Tout est à refaire dans notre football pour le reconstruire. En écoutant le discours du président de la Fédération gabonaise de football (Fégafoot) samedi dernier lors de son 62e congrès ordinaire, le commun des Gabonais a compris l’aveu d’échec du président fédéral, à la tête de l’institution depuis le 30 mars 2014.
Certains ont même admiré son courage, bien que tardif, à un peu plus de deux ans de la fin de son 3e et dernier mandat.
Du haut de sa tribune, Pierre Alain Mounguengui (PAM) a dit en ses termes ce qu’un contemporain avait déjà dit, à savoir « Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon ce que nous sommes entrain de faire ».
Message profond adressé samedi dernier à ses chers électeurs et autres collaborateurs: « Dieu ne nous a pas donné le droit de faire de notre football ce que nous sommes entrain de faire. Il nous regarde et le moment venu, il va nous sanctionner », peut-on comprendre.
Que fait-on du football et pourquoi sanctionner les responsables ?
- Plus de coupe du Gabon depuis une dizaine d’années.
- des championnats d’élite en dents de scies et parfois sans jamais aller à leurs fins.
- Des ligues provinciales moribondes mais qu’on continue de subventionner à coûts de millions.
- Une sélection nationale soumise au diktat de quelques roitelets tapis dans l’ombre.
- Un football féminin pourtant relancé il y a quelques années et qui sombre aujourd’hui.
- Un football de base abandonné à lui-même et des championnats des petites catégories qui laissent à désirer.
- Des équipes d’élite sans petites catégories.
- Une instabilité à se faire un équipementier.
- Un collège électoral fédéral taillé sur mesure.
- Et comme si cela ne suffisait pas, un climat comme de méfiance, voulu et entretenu, avec son démembrement qu’est la Linaf.
Voilà le tableau réaliste que nous présente notre football aujourd’hui et qui se joue dans les bureaux climatisés et nouveaux sièges des ligues, au grand satisfecit de tous sauf des footballeurs clochardisés.
Réveil tardif ou message d’adieux subliminal ?
« Mieux vaut l’humilité qui libère que l’orgueil qui égare », a-t-on coutume de dire. Aujourd’hui, le président fédéral a pris son courage pour reconnaitre enfin que malgré les années d’autosatisfaction, l’échec est bien là. Et du coup, PAM a invité à un nouveau conclave pour une nouvelle réflexion sur le football gabonais.
«Organisons nous, retrouvons nous. Nous avons tenu des Assises avec des gens extérieurs qui nous ont imposé leurs propres idées qui s’entrechoquaient avec les nôtres. Mettons ces gens là un peu de côté. Retrouvons nous uniquement entre acteurs du football, pour réfléchir aux solutions pour l’avenir de notre football», a-t-il déclaré sans préciser qui assurera la charge logistique et financière de cet autre conclave.
A mi-parcours de son dernier mandat, le ton est clair, il n’est jamais trop tard quand on peut se rattraper de ses erreurs. Et à ce qui semble, le problème est subitement urgent. Il faut « s’organiser, se retrouver entre acteurs du football, afin d’emprunter les voies nécessaires pour sortir notre football de l’état dans lequel il se trouve ».
Et le président de poursuivre face à son propre diagnostic accablant, « Nos clubs engagés en compétitions africaines ne peuvent pas faire face à d’autres. Chez nous, le championnat se joue en trois mois alors que chez les autres, c’est dix mois. C’est le moment pour nous de réfléchir sereinement pour sortir totalement de ce format qui ne rend pas service à notre football ».
Mais au terme de son passage à la tête de la Fégafoot, le président Mounguengui veut désormais faire avec « tous les acteurs concernés ». Parfois prisonnier volontaire, que fera-t-il alors de ses moudjahidines radicaux qui l’ont enfermé, au point de lui faire croire que tous ceux qui ne réfléchissent pas comme eux sont leurs opposants et autres aigris et donc, à écarter.
Réveil tardif ou message d’adieux subliminal ? Le vent de la Restauration des Institutions qui a soufflé le 30 août 2023 va-t-il avoir raison de la suffisance et du déni des occupants de la maison vert-jaune d’Owendo ? A chacun de répondre selon son camp et ses intérêts mais une chose est sûre, quelque soit la durée de la nuit, le jour finira toujours par se lever !