
Fédération transformée en théâtre d’ombre au mépris des valeurs martiales, manipulations des jeunes karatékas, attribution fantaisiste des grades, création de ligues et d’associations fictives. Voilà le tableau actuel de la Fégakama selon Me Jean-Prosper Ndong Okpwè, 5e dan, expert fédéral.
« J’ai appris durant toutes mes années de pratique du karaté que ce noble art martial est censé incarner des valeurs de respect, de discipline et d’effort. Il est cependant alarmant de constater, au moment où la FEGAKAMA se prépare, à travers moult manœuvres secrètes, à passer le relais, que le constat est sans appel.
Notre fédération nationale s’est transformée en un véritable théâtre d’ombres où l’incompétence, les pratiques autoritaires et la manipulation règnent en maîtres. Ce qui était autrefois un bastion de valeurs martiales est désormais un terrain fertile pour le clientélisme, l’apathie généralisée et des ambitions électorales douteuses.

Les membres de notre communauté, qui ont contribué pendant plusieurs années à perfectionner cet art martial, se retrouvent face à une fédération qui semble plus préoccupée par le maintien de son pouvoir que par le bien-être de ses pratiquants. Les décisions sont prises dans l’ombre, sans consultation ni transparence, laissant les karatékas dans l’incertitude et le mécontentement. Les voix qui s’élèvent pour dénoncer cette situation sont souvent étouffées, et l’on se demande si notre fédération a encore à cœur les intérêts de ses membres.
Manipulation des jeunes et attributions fantaisistes des grades
Ce qui est encore plus préoccupant, c’est la manière dont les jeunes karatékas sont manipulés. Au lieu de les encourager à développer leurs compétences et leur passion pour le karaté, la fédération semble plus intéressée par l’utilisation de ces jeunes comme des pions dans un jeu politique. Des promesses de soutien et de reconnaissance sont faites, mais elles ne sont souvent que des leurres destinés à maintenir le pouvoir en place. Les jeunes sont ainsi entraînés dans un système où l’ambition personnelle prime sur l’épanouissement sportif.
L’attribution des grades qui devrait être un processus rigoureux et basé sur le mérite, est devenue une farce. Les pratiquants qui ont fait preuve d’un engagement exemplaire se voient souvent écartés au profit de ceux qui bénéficient de relations privilégiées avec les dirigeants. Ce favoritisme flagrant crée un climat d’injustice et de frustration, où les efforts des uns sont balayés par les connexions des autres. Les grades, qui devraient symboliser le travail acharné et la maîtrise, sont désormais perçus comme des récompenses distribuées à la tête du client.

La mise à l’écart du DTN participe subtilement à ce processus de délitement du karaté gabonais. Le DTN devrait pourtant jouer un rôle crucial dans le développement des athlètes, la mise en place de programmes d’entraînement et l’organisation des compétitions. Son expertise et son expérience sont indispensables pour garantir que notre fédération reste compétitive sur la scène nationale et internationale.
Création d’associations fictives et silence du CNOG
Pour couronner le tout, la fédération a recours à la fabrication de ligues (Ogooué Ivindo, Ogooué Lolo) et d’associations fictives (Académie Karaté Gabon, …etc) créées non pas pour le bien des pratiquants, mais pour servir des objectifs électoraux. Ces entités, souvent sans véritable existence ou légitimité, sont utilisées pour gonfler des chiffres, créer des apparences et justifier des décisions douteuses. Cela soulève des questions éthiques majeures : comment peut-on accepter que des structures soient montées de toutes pièces pour servir des intérêts personnels au détriment de la communauté du karaté ?
Face à tant de récriminations, il est tout à fait vraisemblable de ressentir de l’incompréhension face à l’inaction des autorités compétentes, surtout lorsque les ligues et associations de karaté expriment des préoccupations légitimes à travers des recours adressés au Comité National Olympique Gabonais (CNOG) par voie hiérarchique (FEGAKAMA) en vain.
Ce silence du CNOG interroge à plus d’un titre dans la mesure où en tant qu’organe de gouvernance, il est sensé jouer un rôle essentiel dans la gestion des recours formulés par les ligues et associations de karaté. Nous sommes à partir de ce moment en droit de nous demander si les recours introduits lui parviennent réellement. Le karaté, comme tout autre sport, mérite une attention adéquate et un soutien de la part des instances dirigeantes (ministère de tutelle, CNOG) pour garantir son développement et la sécurité de ses pratiquants.

Appel à la dénonciation
Eu égard à ce qui précède, il est temps que les membres de notre fédération se lèvent et dénoncent ces pratiques inacceptables. Nous ne pouvons plus rester passifs face à cette incompétence et cette gestion calamiteuse qui nuit à notre passion commune. Le karaté est plus qu’un simple sport ; c’est une philosophie de vie qui mérite d’être défendue.
Plutôt que d’envisager illico presto une élection pour un renouvellement du bureau de l’équipe dirigeante actuelle, nous devons exiger une réforme en profondeur de notre fédération, avec des processus transparents et équitables qui valorisent le mérite et qui respectent les valeurs fondamentales de notre art martial afin de parer à toute éventualité de jeu de chaises musicales ou autre passage de témoin en téléchargement.
Ensemble, faisons entendre notre voix et exigeons un changement radical. Il est temps de redonner au karaté sa dignité et son intégrité. La fédération doit être un exemple de transparence et de respect où chaque pratiquant, jeune ou moins jeune, peut s’épanouir pleinement. Ne laissons pas l’incompétence et la manipulation détruire ce que nos illustres Maîtres ont construit avec passion et dévouement ».
Jean-Prosper NDONG OKPWÈ Senseï. C.N. 5ème DAN. Directeur Technique SETRAG Karaté Club. Expert fédéral