
L’ancien candidat à la dernière élection de la Fégafoot revient sur ses activités après l’élection, les malentendus de son club, AS Mingassang avec la ligue du Woleu-Ntem et jette un regard froid sur nos championnats D1, D2 et féminin.
Gabonallsport : Depuis la fin de la dernière élection à la Fégafoot, vous avez quelque peu disparu. Quelles en sont les raisons ?
Désiré Meba : « Vous m’étonnez quand vous le ditesJe n’ai pas disparu, bien au contraire ! Ceux qui fréquentent les stades où se jouent les différents championnats nationaux (professionnels et amateurs) me voient au stade Monedan, Idriss Ngari, Nzeng-Ayong, Gaston Peyrille, Akoakam
Concernant les matchs internationaux, je suis allé au Stade Monédan suivre le match de Ligue des Champions entre Bouenguidi et le TP Mazembé ; par ailleurs, je suis allé suivre les matchs de l’équipe nationale contre le Soudan à Franceville et à Khartoum.
J’ai participé en 2023 à l’Hôtel Boulevard, au séminaire organisé par la FIFA, sur la lutte contre les violences sexuelles en milieu sportif. Il vous souviendra également que pour la première fois au Gabon, un camp de vacances Atletico de Madrid a été organisé en partenariat par AS Mingassang, mon club de foot, l’école de foot Mbolo Samba et l’école Ruban Vert.
Mon club vient de remporter la super coupe et participe actuellement au championnat provincial de la ligue du Woleu-Ntem, saison 2023-2024. Le Président du club que je suis se rend régulièrement à Bitam pour superviser ces matchs.
Je n’ai donc pas disparu. Simplement, je constate que la presse nationale a fait le choix d’aller uniquement vers certains acteurs du football.
Et si on parlait effectivement d’AS Mingassang Mr le Président ?
L’AS Mingassang est un jeune club créé en 2019. Suite à la pandémie de la COVID 19, la saison 2019-2020 n’était pas allée à son terme. Mais au moment de l’arrêt, le club était largement en tête du championnat, sous la direction du coach Cédric Moumbamba, aujourd’hui sélectionneur adjoint de notre équipe nationale.
A la reprise des activités en 2022-2023, il a fallu tout refaire (nouveaux joueurs, nouveau staff technique, etc), en respectant notre principe de base : jouer les premiers rôles !
A l’issue de cette première saison complète, AS Mingassang est sorti champion du Woleu-Ntem et superchampion. Ce qui nous donne le droit d’être le porte flambeau de la province du Woleu-Ntem au championnat D3 national pour la saison 2023-2024. Par la même occasion, AS Mingassang représentera la province à la Coupe du Gabon.
Vu le chemin parcouru en si peu de temps, je peux être un Président satisfait, même si beaucoup reste à faire !
Il nous revient que vos rapports avec la ligue provinciale ne sont pas au beau fixe. Que reprochez-vous exactement à la ligue ?
La personne Désiré Meba me Fama n’a aucun problème avec les responsables de la ligue. Permettez-moi de vous rappeler que je suis un ancien candidat à la tête de la Fédération Gabonaise de Football ; à ce titre, je me dois d’être à cheval sur les textes qui régissent notre football. C’est sûrement à ce niveau que se situe le problème. Voici quelques écueils.
Le règlement des compétitions (championnat, coupe) n’est pas souvent remis aux clubs avant les compétitions. On navigue à vue. Les règles changent pendant les compétitions et sont imposées aux clubs par la ligue (Management autocratique) !!
Lors de la saison 2022-2023, il était prévu un championnat en 2 poules avec une poule unique de 6 équipes en playoff. Contre toute attente, la ligue décide unilatéralement de supprimer la poule playoff et d’imposer la formule coupe avec 4 équipes ! Ce qui a défavorisé les clubs sortis 3ème de leur poule. Par ailleurs, la désignation du 2ème Représentant du Woleu-Ntem à la super D3 ne s’est pas faite en respectant l’éthique sportive !
S’agissant de l’attribution de points aux équipes après un match, nous avons enregistré un fait inédit. La Ligue du Woleu-Ntem a créé sa propre règle pour défavoriser certaines équipes, en faisant qu’à l’issue d’un match, les 2 équipes se retrouvent avec 0 point chacune.
Et pour terminer, la ligue a créé une véritable confusion sur la qualification d’un joueur dans le football amateur. Les textes de la ligue indiquent juste la présentation d’une licence mais contre toute attente, on exige des contrats.
Nous dénonçons enfin le non-respect des délais de convocation des délégués au Congrès.
Je crois qu’il faut arrêter ce genre de fonctionnement. Notre football a déjà trop souffert de l’amateurisme de certains dirigeants.
Votre regard sur nos championnats D1 et D2 et football féminin.
Nous faisons tous le constat que les championnats D1 et D2 ne se jouent pas encore cette saison 2023-2024 et que les saisons passées, ces championnats se sont souvent déroulés de manière chaotique. Et du coup, l’équipe nationale est obligée, pour sa composition, de regarder dans des championnats européen et asiatique de seconde zone (D3, D4, D5, etc), au lieu de puiser dans le vivier national formé par les championnats d’élite (D1, D2).
Nous faisons tous également le constat que les principaux acteurs de notre football (Ministère, Fégafoot, Linaf, etc) ne parlent que du football professionnel, sans doute celui qui draine les principaux flux financiers (ruée vers l’or), au détriment du football amateur qui n’est évoqué que très rarement et très superficiellement, uniquement pour la Com et dans le but de se donner bonne conscience !
Nous faisons encore tous le constat que la création d’une nouvelle Ligue nationale pour le football féminin, n’a rien changé au fond du problème. En fait, les mêmes causes produisent les mêmes effets dans le même environnement ! Le football féminin d’élite doit –il se jouer sans une véritable organisation à la base ? Tout le monde court vers les subventions ! Résultat : football bloqué.
Et pour conclure, je disle football gabonais d’élite est malade ; il se porte très mal ! Les causes sont multiples : mauvaise organisation, modèle économique en déphasage avec les enjeux, managers non visionnaires et peu enclins à changer de paradigmes !
Un mot de fin ?
Malade et agonisant, un grand virage s’impose à notre football. Il faut une refonte totale de notre organisation, mettant en avant le développement du football amateur au sein des Ligues provinciales et des sous-ligues. Il faut un changement profond de notre modèle économique (créer un environnement innovant, permettant aux clubs de lever des fonds pour leur autofinancement). Il faut faire la promotion de leaders ayant une vision claire de la trajectoire que notre football doit prendre ».