Cédric Mapangou et les siens dénoncent « la volonté regrettable du président fédéral sortant, de solliciter un nouveau mandat au mépris des inquiétudes légitimes du monde du football et des familles de footballeurs gabonais ».
« Mesdames et Messieurs, amis sportifs
L’opportunité de notre prise de parole en ce jour se présente dans une période d’actualité sportive d’une extrême et inédite gravité. Le football gabonais a de très sérieux problèmes.
L’exercice rigoureux, de vous servir notre analyse modeste de la situation de notre sport, et à la suite, vous en dresser une perspective responsable, urgente et vitale pour notre football, n’est pas aisé.
En effet deux saisons entières se sont écoulées sans compétitions domestiques. Ce sont deux années de régression totale : sans jouer, sans travailler, sans se loger, sans dignité pour les joueurs et entraineurs locaux.
Cette situation qui a semblé anodine, est dans le fond lourde de conséquences. Socialement, chômage et familles brisées ; sportivement des joueurs dés-athlétisés, capacités pédagogique et méthodologique des entraineurs à recycler ; et sur le plan administratif, des clubs sans joueurs, des ligues sans clubs, et une fédération vidée de sa substance et réduite à exister qu’à travers l’équipe nationale A masculine, composée outrancièrement que de joueurs évoluant hors du pays. Quelle facilité !
Défaillance du management
Cet indice patent est au moins révélateur de la défaillance du management du bureau fédéral actuel qui a oublié que son existence est l’émanation des ligues et des clubs qui eux-mêmes dépendent des joueurs engagés pour les compétitions locales que la fédération organise par définition.
A ce titre, la question de la raison d’être de toute la hiérarchie institutionnelle du football au Gabon se pose. Interrogeons-nous alors ensemble sur les 40 milliards de franc CFA de subvention globale du gouvernement au football local de 2012 à 2019 ; interrogeons-nous sur la Fédération et les subventions de la FIFA depuis 2014 ; interrogeons-nous sur la structuration des ligues et des clubs. Tous quasiment sont locataires sinon squatteurs des locaux de l’Etat gabonais.
Quel a été donc l’impact réel de tout ce flot de financement sur notre football, ses infrastructures et ses cadres depuis tant d’années ? Quelle légitimité sportive et morale pourrions-nous leur reconnaitre à nouveau quand les clubs doivent aux joueurs plus d’1 milliard et demi de frs CFA de salaires impayés alors qu’ils ont perçu intégralement les subventions étatiques ?
Qui en a fait le bilan ? Pas la Fédération, encore moins la Linaf, son démembrement insaisissable et irrespectueux des procédures qui a déjà publié un calendrier de reprise des compétitions engageant tout le monde du football sans concertation ou planification réaliste avec sa hiérarchie directe et les autres acteurs centraux que sont les clubs, les joueurs et les entraineurs.
De plus, l’action globale de la FEGAFOOT vient d’être sanctionnée et qualifiée d’inexistante, d’irréelle, de fumeuse par la CAF au regard de sa décision de suspendre le Gabon de toutes ses compétitions continentales de clubs jusqu’à nouvel ordre, sur la base de l’article 4 alinéa 7 du règlement des compétitions de la CAF.
Au demeurant, force est de reconnaitre que la responsabilité de la mise en marge de notre pays incombe à la fédération qui devrait en tirer toutes les conclusions.
Crise sanitaire : une fuite en avant
Certainement pas par la facile évocation des mesures restrictives gouvernementales pour juguler la crise sanitaire ? Car dans d’autres nations, ces mesures aussi ont été prises, sans pour autant mettre en arrêt de vie sportive l’ensemble de leur football domestique. C’est la Fédération, organe technique du gouvernement qui a brillé par son incapacité à lui montrer l’intérêt pour le football gabonais de respecter ses engagements avec les instances internationales, en poursuivant nos compétitions locales après proposition d’une alternative crédible et adaptée à toutes les parties au pic de l’épidémie.
La pédophilie : délits de honte
Par ailleurs, nonobstant les symptômes purement techniques et administratifs de l’état de maladie déjà avancée de notre football, il est survenu sur la scène médiatico-judiciaire un autre fait tout aussi déplorable pour la nation en général mais désastreux pour le football en particulier : ces révélations sur des présumées pratiques pédo-criminelles qui infecteraient tout l’univers de notre football, nous interpellent fortement.
Car les prévenus dans ces affaires sont des cadres technique et dirigeants connus pour avoir été des collaborateurs incontournables dans les différentes politiques fédérales mises en place depuis des décennies en termes de détections, de formation, d’encadrement jusqu’aux sélections de ces jeunes footballeurs gabonais dans nos équipes nationales
Ces délits de honte qui leurs sont reprochés, à tort ou à raison, ont depuis largement dépassé la dimension individuelle de leur éventuelle responsabilité.
En effet, ces évènements touchent l’ensemble de la famille du football dont la crédibilité morale et sportive est depuis lors abimées vis-à-vis des parents et du reste du peuple.
Face à cette ambiance d’insécurité morale et physique pour les enfants, et face au délitement de l’écosystème du football au Gabon, nous attendions de la fédération une réponse honorable à la hauteur de cette crise d’une rare violence médiatique, psychologique et philosophique.
En revanche, c’est par des tractations dilatoires à propos d’une imminente reprise du championnat national et des déclarations successives de candidature au processus électoral à la tête de la fédération gabonaise de football, dont le président sortant est candidat que les personnalités du football ont dédaigné l’opinion.
Tout ceci a le mérite de démontrer que les dirigeants actuels de la FEGAFOOT, dans un déni total saisissant, restent déterminés à sacrifier sur l’autel de leur position la sécurité des enfants et l’assainissement structurel et philosophique dont notre football a tant besoin pour se relancer durablement. Ils sont prêts à rempiler alors que notre Football est devenu le symbole de danger absolu pour les enfants.
Amis sportifs, chers parents, mesdames et messieurs responsables sportifs, chers candidats déclarés à cette élection inopportune, l’opinion nationale et internationale nous regarde.
Conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen dans son article 2 qui consacre la sûreté comme un droit fondamental nous ne pouvons pas laisser nos enfants livrés à eux-mêmes dans ces environnements sportifs à risques dont les responsables n’ont visiblement pas envie d’apporter des gages de rupture avec le passé et de sûreté de la pratique du football.
Il est, pour notre part, hautement malheureux de voir faire preuve de mauvaise foi citoyenne de continuer de parler de la reprise d’un championnat avec de tels griefs : l’insécurité morale et physique des enfants en milieu de football, en club comme en sélection, les salaires impayés des joueurs et entraineurs.
Comment penser au championnat sans tenir comptes des conditions préalables objectives : financière, technique, médicale et administrative, pour garantir la remise en route des athlètes au niveau physique improbable, et les entraineurs dont les capacités ont nécessairement besoin d’être renforcées.
Suspension du Comex et mise en place d’un Comité de normalisation
Vue la crise sécuritaire et morale doublée de la crise d’instabilité sportive, administrative et financière de nos clubs et des joueurs au sortir de cette période d’inactivité et face à la volonté regrettable et déclarée du président fédéral sortant, de solliciter un nouveau mandat au mépris des inquiétudes légitimes du monde du football et des familles de footballeurs gabonais, nous demandons à la FIFA la suspension immédiate du bureau de la fédération gabonaise de football et la mise en place d’un Comité de normalisation.
C’est dans cette esprit que nous demanderons à rencontrer, dans les jours qui suivent, le ministre des Sports, la direction de l’Unicef au Gabon, et que nous écrirons aux candidats déclarés, à la CAF et à la FIFA pour intercéder auprès de ces institutions et personnalités en faveur du salut des enfants en milieu de football et pour l’assainissement de la pratique du football au Gabon.
Nous voyons bien que ces évènements ont surpris la FEGAFOOT car les textes de la fédération ni ses organes ne prévoient pas la gestion de ce genre de situation. Il nous faut renforcer son corpus légal qui tiendra compte de ces questions spécifiques de sûreté des jeunes footballeurs imposable aux clubs, aux ligues et aux éducateurs des jeunes. Ce sera l’une mission majeure du comité de normalisation
Pour finir, amis sportifs, mesdames et messieurs, nous en appelons à la conscience collective nationale et à la mobilisation générale de toutes les classes socio-professionnelles intégrées plus ou moins au microcosme de notre football pour dire que chacun doit y prend sa part : journalistes, parents, footballeurs, arbitres, anciens internationaux, entraineurs, dirigeants, médecins, kinés, sponsors, employés des ligues et des sous ligues, et de la fédération, tout le collège électoral à l’élection programmée du président de la FEGAFOOT, pour soutenir la réclamation de la mise en place de ce comité de Normalisation vital pour la restauration du football de notre pays, ou chacun en tirera toutes les conséquences devant l’histoire ».
N.B : Le titre et les sous-titres sont de la Rédaction