Dans une interview accordée à Afrik-Foot, l’ancien international de 39 sélections estime que le football gabonais est dans un état catastrophique malgré les gros moyens mis par l’Etat.
Le championnat professionnel du Gabon traverse une période d’instabilité depuis quelques années. Comment voyez-vous le football local gabonais ?
« J’ose dire que la situation du football gabonais est dans un état lamentable voir même catastrophique. Je me rappelle d’où nous étions, même si nous étions amateurs. C’est le jour et la nuit. L’État gabonais est l’un de ceux en Afrique qui a mis le plus de moyens dans le football d’élite. Des moyens qui n’ont clairement pas été utilisés à bon escient pour différentes raisons.
Ces derniers temps, le championnat est souvent arrêté et on évoque des salaires impayés. Mais auparavant, lorsque le gouvernement a commencé à mettre de l’argent dans le football local, l’argent était versé comme il fallait. Il y avait un cahier des charges qu’il fallait remplir quand on a voulu professionnaliser le football.
Les clubs devaient travailler à devenir autonomes sur le long terme. Malgré le versement de beaucoup d’argent dans ce football, cet argent n’a pas été utilisé pour profiter aux premiers acteurs qui sont les joueurs. Cela a profité à des dirigeants de clubs. La première chose, ça a été la mauvaise gestion de l’argent alloué par l’État de la part des clubs en tant qu’associations.
L’État gabonais a finalement décidé de payer directement les joueurs. Le football gabonais était financé à 100% par le gouvernement du Gabon. Ce qui ne se fait pas ailleurs.
«Le premier responsable, c’est la Fédération»
Normalement, il devait y avoir une grande réflexion par les acteurs du football. La Fédération gabonaise de football devait jouer son rôle comme c’est le cas au Burkina Faso ou au Cameroun avec des subventions aux clubs. Chez nous, la Fédération met 0 franc en subventions pour les clubs. Tout est supporté par l’Etat. Et ce dernier a d’autres priorités que le championnat de football.
Le premier responsable de ce que traverse le football local gabonais, c’est la Fédération, qui est l’instance faîtière du football gabonais. C’est elle qui représente notre pays à la FIFA et à la CAF. Elle devrait réfléchir via la Ligue nationale de football pour trouver des mécanismes pour financer notre football.
Il y a eu ce genre de réflexion il y a quelques années mais les cahiers de charges établis n’ont pas été respectés. Les clubs qui ne remplissent pas les critères reçoivent quand même des subventions. Ce qui est incompréhensible.
Si notre football est aujourd’hui à l’arrêt, je dirai même qu’il n’existe pas sur le plan local, c’est dû à la mauvaise gestion des dirigeants du football gabonais, en commençant par la Fédération gabonaise de football et les clubs.
Cette année, pour la première fois au Gabon, il y a un championnat de football féminin. Quel regard portez-vous sur cette initiative ?
C’est un championnat de football féminin que de nom. Pour moi, un championnat se joue sur plusieurs mois, minimum 6 à 9 mois. Ça ne se joue pas comme un tournoi de football avec 4 ou 6 équipes et derrière il y a un vainqueur.
C’est déjà une bonne chose que les féminines puissent jouer même si je trouve que ça ne se joue pas comme il faudrait. Il devrait y avoir plus d’organisation, plus de réflexion par rapport aux différents clubs en province, dans la capitale, pour que les matchs se jouent sur une longue durée. Cela permet aux athlètes de bien évoluer et progresser.
On parle de championnat mais cela se joue comme le tournoi qu’organisé la Fédération depuis quelques années dans la ville de Tchibanga. Il y a encore beaucoup à faire pour qu’on puisse appeler cela championnat de football ».
Pour avoir décrit de façon réaliste la situation de notre football, une situation que tout le monde connaît d’ailleurs, il est à craindre que dès à présent, Eric Mouloungui sera taxé d’opposant d’on ne sait quel régime?