La jeune internationale gabonaise et sociétaire de Missile FC s’est lancée, depuis quelques années dans la coiffure pour subvenir à ses besoins. Ce qui n’est pourtant pas facile pour elle.
Ruddy Names Nzé n’est pas le genre de jeune fille sans activités qui quémande. A 22 ans à peine, cette talentueuse footballeuse (ailier droit) n’est pas allée demander l’aumône auprès de ceux qui pouvaient l’aider après le décès de son père.
Née à Ntoum, sa passion du football dans une localité où on ne connaît pas le football féminin, ne l’éloigne pas des garçons qui sont plus ses coéquipiers. « C’est à travers mon neveu puis mon beau-frère que je découvre ce métier. Comme un défi, je me suis forgée d’être mieux que lui et c’est ainsi que je fais mes premiers pas dans la coiffure hommes », nous raconte-t-elle.
Malgré quelques difficultés d’adaptation, Ruddy est soutenue par ses frères au point de devenir la première coiffeuse-hommes de Ntoum. Mais le domaine est très concurrentiel, surtout avec les Ghanéens et Nigérians.
Elle a à peine 19ans quand elle décide de voler de ses propres ailes et va ouvrir son salon de coiffure à Essassa. Autre difficulté, il faut s’équiper. « Quand on a des ambitions mais sans soutien, il faut savoir faire des sacrifices. J’avais simplement décidé de mettre les ambiances et le vestimentaire de côté et faire les petites économies qui m’ont permis d’acheter les premières machines ».
Malgré son optimisme et les encouragements verbaux qu’elle reçoit tous les jours, la jeune fille reste consciente d’une importante limite. « Je peux vivre de ce métier mais étant donné que je suis une femme, je pourrai toujours laisser après un certain temps et faire autre chose ».
Mais elle aime bien son métier et accepte même de se déplacer pour coiffure à domicile.
Football et coiffure : difficile choix à faire
Passionnée du football qu’elle ne peut pas laisser, l’attaquante de Missile FC est tout aussi consciente d’une autre difficulté, la plus grande d’ailleurs. Concilier football et coiffure.
Les après-midis et les week-ends étant ses moments propices de clientèle, il se trouve que ce soit aussi ses moments d’entrainements ou des matches. « Je sais qu’on ne peut pas suivre deux lièvres à la fois mais le football est ma passion. Je ne peux pas le laisser. Pendant les déplacements à l’étranger avec les U20 et Missile FC, j’ai fermé le salon », révèle-t-elle.
A 22ans, Ruddy est déjà double locataire, son domicile et le salon. Mais malgré son moral, l’on se demande si elle pourrait s’en sortir ? Et de nous confier : « Voilà pourquoi je pense à former un ou deux autres qui peuvent continuer à travailler quand je ne suis pas là ».
La jeune internationale ne veut laisser ni le foot, encore moins la coiffure qui lui fait vivre. Et pourtant, elle a bien des idées. « Je sais que la Fédération et le ministère des Sports ne savent pas qu’une internationale coiffent à Essassa pour subvenir à ses besoins. Pour le moment, je ne gagne pas grand-chose. Je voudrais renforcer l’activité en matériel et autres produits à vendre. Cela me fera beaucoup de bien si j’ai le soutien de ces institutions afin de mieux m’autonomiser, tout en défendant les couleurs du pays », a-t-elle lancé.
Et connaissant le grand cœur du président de la Fégafoot, Pierre Alain Mounguengui, nous osons croire que ce cri de cœur lancé par une jeune internationale arrivera à lui.