Sa régression actuelle, les récentes assisses sur notre championnat national, les élections dans l’Ogooué Maritime et l’Estuaire et l’avenir du sport roi dans notre pays.
Gabonallsport : Qui est Louis Léandre Ebobola Tsibah ?
Ebobola Tsibah : « Je suis Louis Léandre Ebobola Tsibah, passionné de football. Je préside aux destinées du Foyer de Football d’Animation de Libreville depuis dix ans, à la demande de mon petit-frère qui a créé ce centre de formation deux ans plus tôt.
Quelle lecture faites-vous de notre football aujourd’hui ?
Sans langue de bois, le football au Gabon est en régression continue depuis au moins deux décennies. Sauf que là nous avons touché le fond, au point d’être désormais englués dans les abysses de la médiocrité. Malgré les résultats des Panthères qui sont en réalité l’arbre qui cache la forêt.
Je reste nostalgique de l’époque des grandes affiches qui mettaient en valeur les confrontations entre les grandes écuries de l’époque, à savoir : Sogara-105 -JAC- Pétro-USM-Shell pour ne citer que ces quelques exemples. Ces oppositions drainaient du monde, aucune place ne pouvait être libre après le coup d’envoi de la rencontre. Le spectacle était au rendez-vous. Le niveau du championnat était exponentiellement plus relevé que celui de ces dix dernières années.
Comparativement, on dirait que le championnat amateur de l’époque était davantage professionnel et le championnat professionnel d’aujourd’hui largement amateur.
Nous avons par ailleurs un réel problème institutionnel et de ressources humaines. Nous professionnalisons le football sans professionnaliser sa gestion. Or, nous avons besoin de réels gestionnaires et managers de football. Les instances sportives doivent être suffisamment fortes et gérer par des personnes compétentes pour impulser les réformes. Nous regorgeons pourtant des talents, mais malheureusement notre seuil d’exigence est trop faible pour viser l’excellence. C’est cette incurie qui impacte tout l’écosystème de ce sport.
Quels commentaires et quelles sont vos attentes au lendemain des Assisses sur notre championnat national ?
Je n’ai pas pris part à ces Assises. Si je me fie aux thématiques débattues, je dirais qu’il y a lieu d’espérer des lendemains meilleurs pour notre sport. J’ai surtout conscience que l’œuvre humaine demeure perfectible. Par conséquent, sans être une boutade encore moins une panacée, ce travail qui a réuni plusieurs intelligences devrait servir durablement les intérêts de notre football.
Pour ma part, je ne puis juger du contenu des résolutions sans les avoir lues. Ce serait plutôt prétentieux.
Nous sortons de deux élections pour le renouvellement des deux plus grandes ligues du Gabon, à savoir la Lifom et la LFE. Au-delà des victoires des deux candidats à leur propre succession, on retiendra surtout tous les vices de procédures qui ont précédé les deux congrès électifs. Quelle est votre appréciation ?
Sincèrement, ces deux scrutins ont révélé plusieurs carences qui pourraient remettre en question leur régularité. En effet, j’ai du mal à comprendre que nos textes en la matière qui sont l’émanation de ceux de la FIFA soient transcrits de façon étrange dans notre pays et fassent l’objet d’une lecture à géométrie variable quand elle n’est pas purement satanique.
J’ai admiré le courage du Directeur Provincial des Sports (DPS) de l’Ogooué Maritime qui a joué religieusement sa partition. J’ai senti aussi que sa collègue de l’Estuaire avait été totalement étouffée. La mise en demeure de la Fégafoot au Directeur Général des Sport pour ingérence présumée et le désaveu spectaculairement rapide infligé au DPS du l’Ogooué-Maritime laissaient planer un spectre apocalyptique des lendemains électoraux, si l’apaisement n’était pas garanti.
Pourtant malgré tout le pouvoir conféré à l’administration par la nouvelle loi sur le sport dans notre pays, la tutelle a curieusement renoncé à faire valoir ses droits pour un gentleman agreement qui ne dit pas son nom. Les appels à la transparence lancés par certains candidats à la fédération n’ont rien changé. Ces derniers ont plutôt eu droit à des jugements partiaux et a des attitudes condescendantes de ceux qui ont organisé cette forfaiture d’un autre âge.
En effet, comment comprendre que pour deux scrutins distincts nous ayons six textes (statuts et codes électoraux des deux ligues et de la Fégafoot) qui soient en opposition frontale, alors qu’ils sont sensés dire la même chose ?
Sans être un exégète du droit, j’ai toujours appris que lorsque le principal est faux, l’accessoire devient caduque. Jusqu’à ce jour, même un juriste de pacotille ne peut vous assurer que le code électoral de la LFE est opposable aux tiers. Qu’on vienne donc me prouver le contraire.
Au chapelet des récriminations, le processus électoral n’aura vraiment pas été des plus transparents. Si dans le G8, la messe était entendue avant même l’entrée du curé, à l’Estuaire, le challenger aura vraiment fait preuve de bravoure et de dignité pour aller au terme de ce processus tellement parsemé d’irrégularités.
S’agissant de l’Estuaire, peut-on considérer que l’élection est désormais derrière nous et que les deux adversaires d’hier gagneraient à travailler ensemble pour le bien du football dans la province de l’Estuaire ?
Je ne vois pas ce qui pourrait rapprocher les deux hommes. Plus qu’un projet, Paul Kessany est porteur d’une vision qui ne peut être mise en œuvre que par lui-même. Le programme du vainqueur, je ne le connais pas. L’intéressé ne l’a jamais décliné, même son porte-parole était régulièrement au supplice toutes les fois qu’il devait en parler.
Le Président sortant a été élu avec des colistiers, son challenger ne pourra agir que comme prestataire. Je ne pense pas que ce soit le souhait de Paul Kessany qui a profondément marqué l’opinion avec son contrat social et sportif, malgré tout rejeté par les électeurs. Cela deviendrait un paradoxe sans précédent.
En revanche, si je m’en tiens aux propos de Paul Kessany peu après le scrutin, il y a fort à parier que le match est loin d’être fini. De ce fait, le champagne pourrait avoir été sabré trop vite.
En effet, l’ancien capitaine des Panthères a bien dit, je le cite : « On m’a imposé un stade, un arbitre et des règles. Je suis venu, j’ai accepté de jouer. Je suis un footballeur. Un match de foot se joue avant, pendant et après ». Pour ceux qui savent lire entre les lignes, je crois que les deux premières manches ont déjà été jouées. Il reste probablement une troisième. Sauf que pour l’ultime face à face, je ne pense pas que ce soit avec les mêmes arbitres ou avec le concours de ceux qui se sont désintéressés de cette compétition depuis le début.
L’évidence empiriquement prouvé nous amène au moins à reconnaitre que le vote a été transparent. Malheureusement le processus électoral en amont a été des plus scabreux et indigne pour le sport. La Fégafoot s’est totalement fourvoyée et le ministère des Sports a refusé de s’en mêler.
Par conséquent, objectivement, ces deux parties seraient totalement disqualifiées pour la suite, si le promoteur des 3R et le recalé de l’Ogooué-Maritime venaient à unir leurs forces et saisir la FIFA. Si ce chemin était emprunté, il y aurait fort à parier que le Gabon devienne un sujet agaçant pour les plus hautes instances sportives internationales.
En effet, après les affaires Gambie-Gabon et Kanga Guelor, revenir avec des contentieux électoraux à la pelle ne serait pas une bonne chose pour la Fégafoot. Ce pourrait être épée de Damoclès entre mains de Mme FATMA. Dès lors, après n’avoir fait qu’une bouchée de Hamad Hamad, ce ne serait certainement pas la tête du Comex de la Fégafoot qui s’en tirerait à bon compte, si jamais son implication dans cette cacophonie électorale était avérée.
Un mot de fin ?
Je suis venu au football par passion, j’y resterai par passion. Sinon, je m’en irai par dépit.