Unique génération du pays à remporter un trophée continental. Quatorze ans après, aucune promesse (terrains et primes diverses) tenue.
On pensera à une mauvaise blague. C’est plutôt l’un des faits divers les plus rocambolesques de l’histoire du football africain sinon mondial. Vainqueur de la coupe d’Afrique des nations U23 en 2011 au Maroc, nos vaillants soldats courent toujours derrière leurs primes et les terrains promis par les plus hautes autorités du pays de l’époque.
Il a fallu la tenue de la récente conférence de presse des infortunés, réunis au sein du collectif des footballeurs (27 personnes- staff et joueurs) pour se rendre à l’évidence d’une roublardise et d’une mauvaise foi, mieux d’une méchanceté qui aura silencieusement duré 14 ans.
Ni le ministre des Sports de l’époque, encore moins le président de la Fégafoot, tous encore vivants, dorment du sommeil des justes jusqu’à ce jour, certainement fiers de l’acte « héroïque » posé.
Primes diverses
Ibrahim Ndong Ngaleu et ses coéquipiers révèlent n’avoir jamais reçu leurs primes des matches éliminatoires, leurs primes de qualification à la Can U23 de 2011, leurs primes des 3 victoires et du nul et pire encore l’enveloppe du sacre au Maroc.
Leur sacre ayant envoyé le Gabon au JO de Londres en 2012, le management à haute échelle des dirigeants de l’époque se serait poursuivi sans aucune inquiétude.
Ndong Ngaleu poursuivra son récit. « Nous n’avons pas perçu même les primes des matches amicaux pour préparer les JO ».
Tout calcul fait, le montant total de ces différentes avoisine les 344 millions de FCFA. Rocambolesque affaire, vraisemblablement cachée à la Caf et à la Fifa même si, semble-t-il, certains joueurs et dirigeants auraient perçu des sommes non négligeables de façon discrète. Cela s’appelle la mafia.
Affaire des terrains
Alors qu’on se croyait à un seul front, celui des primes, on apprendra que l’ancien Président, Ali Bongo, content du sacre des jeunes, non seulement avait donné 10 millions de FCFA à chacun mais aussi leur avait promis des parcelles de terrains à Nkok. Mais le dossier sera traité par la nébuleuse Olam qui va faire tourner les jeunes avec des procédures administratives dites obscures. Jusque-là aussi, les héros de 2011 n’ont encore rien reçu malgré la mort déjà de quelques uns d’entre eux.
Olam et autres leur enverront certainement leurs droits, à leur manière, dans l’au-delà.
Et puis vint le providentiel Oligui Nguéma
Alors que tout semblait perdu avec l’ancien régime et ses pratiques, l’arrivée au pouvoir du Général Brice Clautaire Oligui Nguéma sonne comme l’arrivée à la terre promise, la terre de la justice, de la reconnaissance des bienfaits et surtout de la revalorisation de l’homme.
Après les multiples démarches infructueuses depuis 2012, le Collectif des footballeurs va relancer le dossier en octobre 2023. Rencontre avec le président de la Fégafoot, courrier au ministre des Sports en décembre 2023. Saisine du Premier ministre en février 2024 mais on ne se fatigue pas. Une étincelle d’espoir jaillit.
Après une lettre le 6 mai à l’ADG de la Zone économique de Nkok où se trouve les terrains, le ministre de l’Habitat est aussi saisi et entre en scène. La Présidence de la République est à son tour saisie en septembre 2024.
Le dossier a évolué
Réunion avec le Conseiller Spécial du Président de la Republique, Paul Ulrich Kessany le 31 janvier 2025 sur l’affaire des terrains. Traité et envoyé au Département juridique, les choses seraient en bonne voie.
Selon nos informations, non seulement GSEZ a déjà reconnu les 6 hectares appartenant aux joueurs, il aurait déjà aussi saisi le tribunal pour suivi, notamment la décision de déguerpissement de la zone occupée déjà par des riverains.
Mais on attend en plus la décision final du tribunal pour la distribution des parcelles aux ayants-droits.
Quant au dossier des primes, il connait quelques difficultés car sans trace ni au ministère des Sports ni à la Fégafoot. Il risque donc encore de prendre un peu temps pour trouver son épilogue faute de preuves palpables. Le temps aussi de connaître ceux qui auraient reçu discrètement des enveloppes.
« 14 ans dans ce dossier sans suite, nous comptons sur le Président de la République qui nous a prouvé toute sa bonne volonté de régler les problèmes des Gabonais. Étant la seule génération qui a donné un trophée continental au pays, nous pensons qu’il nous récompensera à juste titre », a déclaré en substance le porte-parole du collectif.
