Dans un entretien qu’il nous a accordé, l’expert français en management du sport se penche sur l’apport des nouveaux partenaires, des sociétés pétrolières et des droits TV.
Gabonallsport : En tant que Directeur Général de Ifap Sports Media Gabon, pourriez-vous nous donner votre sentiment après les deux jours de formation des dirigeants des clubs ?
Eric Durand : « Je tiens d’abord à remercier les différents partenaires qui nous ont accompagnés dans l’organisation dudit séminaire de formation : Le gouvernement gabonais à travers le Ministère des Sports et l’ONDSC, le cabinet EY, AGL GABON, Eau Andza, Finam, Sunu, Coca Cola Gabon, Luxury Car, Lila’s Event, Prix Import, Carrefour, Olea Assurances et Canal Box Gabon.
Le séminaire de formation sur la structuration des clubs à la bonne gouvernance fait parti des axes de développement du modèle économique que nous voulons mettre en place afin de rendre à terme notre championnat financièrement autonome et durable. Pour cela, un minimum d’outils était nécessaire à apporter aux clubs dans leurs gestions au quotidien.
Nous avons eu des présidents, des secrétaires généraux et des trésoriers des clubs masculins et féminins très enthousiastes et réceptifs tout au long des travaux, je les remercie pour la bonne coopération interactive.
Quel objectif réel visé dans le partenariat avec le cabinet EY ?
L’objectif à terme est très clair, c’est d’accompagner la Linafp et ses clubs vers une amélioration de la bonne gouvernance. Il s’agit de mettre en place un minimum de transparence dans leurs pratiques afin de renforcer l’image du bon dirigeant sportif gabonais. Nous visons surtout à créer un environnement propice, tant en interne qu’en externe, pour attirer les partenaires économiques et institutionnels.
Comment votre entreprise contribue-t-elle spécifiquement à la mise en place du modèle économique proposé pour la Ligue et quels sont les objectifs à long terme que vous visez en soutenant le championnat national ?
Ifap Sports Media Gabon, de part son expertise de 30 années dans le domaine du marketing sportif en France et sur le continent, joue un rôle crucial en facilitant la conclusion et le suivi des contrats de sponsoring pluriannuels avec les opérateurs économiques et la Linafp via notre agence marketing. Nous avons mis en place des offres de partenariats solides et renforcé la confiance des sponsors, permettant une base financière durable pour le championnat.
Notre objectif à court terme est d’assurer la pérennité de la ligue en développant son exploitation pour lui garantir des revenus stables et attirer de nouveaux sponsors et partenaires. A titre d’exemple, lors du séminaire de formation nous avons assisté à la présentation des services et métiers de deux nouveaux partenaires primordiaux dans la structuration des clubs, l’Assurance et la Banque : Sunu Assurances et Finam qui viennent tisser une relation durable avec notre National Foot.
Concrètement comme se fera l’implémentation desdits partenariats qu’on annonce gagnant-gagnant pour le football professionnel gabonais ?
Il est important de rappeler que la Linapf est le plus grand organisateur de spectacle football au Gabon. Le National Foot, c’est entre 4000 et 4500 emplois directs et indirects, c’est 2000 spectateurs en moyenne par derby, c’est plus 25K Followers sur la page Facebook de la Linafp, c’est également environ un million de spectateurs sur la principale chaine national TV avec 2 matchs TV en Live chaque week-end.
Ces différentes opportunités sont des niches économiques à explorer et c’est ce que feront, entre autres, nos deux partenaires Sunu Assurances et Finam.
Dans le cadre du sponsoring pluriannuel de 3 ans, la société Sunu prend en charge toutes les responsabilités «Individuel Accident» des 900 personnes enregistrées et impliquées dans le National Foot 1&2, allant des joueurs, entraineurs, arbitres et du personnel de la Linafp. Notre partenaire assureur offre également des prix préférentiels sur d’autres services aux clubs, tels que la RC Sportive, l’assurance sur le mobiliers et l’immobiliers, etc.
Quant à notre partenaire Finam, leader dans la microfinance au Gabon, avec qui nous sommes en négociation, les clubs pourront bénéficier d’un traitement particulier de ses services et solutions bancaires, tous nos comptes (un peu plus de milles y compris ceux de nos supporters seront domiciliés à la Finam qui accompagnera aussi nos clubs et joueurs dans le développement de leurs activités génératrices de revenus.
Parlons un peu de l’implication des entreprises pétrolières et minières dans le modèle économique de la Linaf.
Les entreprises pétrolières et minières sont des acteurs clés de l’économie gabonaise, et leur participation dans notre modèle économique est indispensable pour assurer la durabilité et la croissance du Championnat National d’Élite. Leur soutien financier permettrait d’augmenter les ressources disponibles pour investir dans les infrastructures, les talents locaux et renforcer la compétitivité du football gabonais sur la scène internationale.
Après la formation, vous avez fait signer la charte d’Ethique et de Déontologie de la Linafp sur la bonne gouvernance aux dirigeants des clubs.
Je suis très heureux de l’acte fort que les présidents des 24 clubs ont posés par la signature de la charte d’Ethique et de Déontologie de la LINAFP sur la bonne gouvernance. Je suis fiers des progrès réalisés jusqu’à présent et restons déterminés à poursuivre notre mission de faire du Football gabonais un modèle de réussite et d’excellence.
Je suis convaincu que ces initiatives contribueront à professionnaliser davantage notre environnement sportif et à renforcer la crédibilité de notre Ligue Nationale de Football Professionnel. En outre, l’adoption de ces nouvelles approches marque un tournant décisif dans la façon dont nous envisageons la gestion et le développement du Football au Gabon.
Où en êtes-vous sur la question des droits TV pour la diffusion des matchs de football au Gabon ?
Aujourd’hui, je déplore une situation délicate et préoccupante avec la chaîne nationale qui nous demande de l’argent pour produire et diffuser nos matchs. C’est une situation qui ne correspond pas à ce que l’on peut attendre d’une chaîne nationale. En réalité, dans un partenariat idéal, c’est la chaîne qui devrait jouer son rôle citoyen en achetant les droits tv.
Cependant, dans notre cas, la chaîne nationale nous demande de payer pour la production et la diffusion des matchs de championnat. C’est une situation assez inhabituelle et problématique.
Cela a exactement quelle incidence sur la compétition ?
Cette situation a un impact significatif sur la diffusion des matchs. En premier lieu, cela compromet la visibilité et la promotion du championnat national de football professionnel auprès des supporters du football au Gabon. Ensuite, sur le plan financier, cela ajoute une pression financière supplémentaire sur la Ligue qui doit désormais payer pour diffuser ses matchs.
Et quelles sont les mesures que la ligue envisage de prendre pour résoudre ce problème des droits TV ?
Nous travaillons activement pour trouver une solution à cette situation. Nous examinons différentes options, y compris la possibilité de négocier de nouveaux accords avec d’autres chaînes de télévision ou de revoir notre partenariat avec la chaîne nationale. Notre objectif est de garantir une diffusion optimale adéquate des matchs de championnat tout en assurant la viabilité financière de la ligue.
Nous envisageons également d’explorer d’autres canaux de diffusion, tels que notre application mobile et notre page Facebook, en utilisant nos propres moyens de production, pour offrir aux fans de football une expérience de visionnage de qualité.
En termes clairs, qu’attendez de la chaîne Nationale ?
Ce que nous souhaitons de la part de Gabon 1re, c’est la signature d’un partenariat gagnant-gagnant où, étant donné qu’elle ne peut pas payer de droits TV pour le championnat, elle devrait produire et diffuser les matchs. C’est son rôle de chaîne nationale et cela représenterait une contribution citoyenne importante.
Comment cela s’intégrerait-il dans le modèle économique des droits TV ?
Habituellement, dans le modèle économique des droits TV, qui est une source de revenu très importante, ce sont les chaînes qui achètent les droits de retransmission. Mais ici, c’est l’inverse.
L’idée est de mettre en place une convention entre la chaîne nationale et la Linafp pour la production et la diffusion des matches, en échange de la cession des droits TV. Nous offrons un programme de qualité aux téléspectateurs gabonais chaque week-end. Le championnat est un véritable feuilleton durant toute la saison, un rendez-vous incontournable chaque week-end.
Un mot de fin ?
Juste vous remercier pour le travail que vous et aujourd’hui de m’avoir donné l’occasion de discuter de ce sujet important des droits TV au Gabon ».