
Dans un entretien qu’il nous accordé, le président du Comité national olympique fait son bilan à mi mandat et réagit sur la crise actuelle au Comité national olympique et sa candidature à la présidence de la zone 4
Gabonallsport : M. le Président, c’est une nouvelle année et une nouvelle olympiade. Est-il possible d’avoir un bref bilan de vos actions?
Crésant Pambo : « Deux ans à la tête du CNOG, à mi mandat il y a plusieurs points positifs. Je peux d’abord citer deux compétitions internationales où j’ai travaillé avec l’héritage de mon prédécesseur, avec des résultats peu satisfaisants aux Jeux africains et aux JO.
Le positif, c’est le fait que notre athlète ATORA s’est qualifiée alors qu’elle s’entrainait au Gabon et qu’elle n’était pas boursière olympique, démentant la thèse qu’il faut absolument être à l’étranger pour performer. Elle a été drivée par le CNOG avec son départ à Aix qui a été déterminant dans sa qualification.
J’ai commandé un audit de notre participation aux JO pour comprendre les insuffisances et les points à consolider, et un expert français de haut niveau s’est rendu en décembre à Libreville; cela a été plutôt mal accueilli par mes équipes. Il n’y a pas que les questions financières qui jouent sur la performance. Nous nous sommes rendus compte que l’organisation, le rôle des acteurs pendant un tel événement, l’expertise humaine dans l’encadrement et dans l’analyse, la stratégie sont autant de facteurs peu maitrisés que nous nous employons à corriger.

Je peux aussi citer des réalisations encourageantes tout de même:
- L’achat d’un terrain et la construction du futur siège du CNOG qui sera livré cette année.
- De nombreux partenaires nous refont confiance notamment l’ambassade de France dont le soutien est précieux avec la mise à disposition d’un technicien de haut niveau pour la DTN, le soutien financier pour la concrétisation du programme exécutive master DTN et dirigeants, l’achat d’équipements sportifs et de matériels de régie pour la création de notre chaine CNOG TV et bien d’autres. Je remercie l’Etat, le ministère des Sport ou le ministère du Budget pour nous avoir permis d’avoir des crédits dans la loi de finances pour la première fois dans l’histoire du CNOG
- La création d’un système d’information pour la gestion des sportifs (SIS), télégérée par les parties prenantes CNOG, fédérations, Ministère des sports et les athlètes; il permettra le tracking des athlètes et une meilleure gestion de ces derniers.
- La réorganisation des services internes et un plan de recrutement ambitieux. Depuis près de 10 ans le CNOG tourne avec 5 collaborateurs alors qu’il faut professionnaliser l ‘organisation. Toutes les commissions et les organes annexes, agence marketing, centre olympafrica, fonds d’investissement ou l’académie doivent fonctionner.
- La convention avec le BIMA pour l’exploitation des infrastructures sportives dans le cadre des regroupements et des préparations.
- La stratégie 2026 et le lancement de notre modèle de performance “PROPERGOL” qui a bouclé la phase de détection des 5 fédérations cibles dont les jeunes feront l’objet d’une préparation jusqu’en 2026 pour passer le premier test aux Jeux olympiques de la jeunesse à Dakar.
Mais il reste encore de nombreux chantiers.
Mais en ce moment le CNOG traverse une crise interne et vos collègues du Comex vous appellent à une AG extraordinaire dite de normalisation. Êtes-vous surpris par cette situation?
Je ne dirai pas une crise, plutôt une méprise de quelques ambitions prématurées. Le renouvellement des membres démissionnaires ne peut être un mobil de crispation ou de crise, encore moins pour convoquer à la hussarde une AGE dans le dos du Président quand on sait qu’une réunion du COMEX s’est tenue une semaine avant. Le renouvellement est prévu dans les statuts et le règlement intérieur lors d’une AGO prochaine.
L’empressement de ceux qui se disent les seules connaisseurs des règlements démontre des manœuvres inavouées résultant des pratiques d’un autre âge et surtout de leur grande ignorance sur des fondamentaux du droit et des règlements dont ils se targuent d’être les penseurs.
Le temps des élections viendra. Pour le moment, nous devons travailler et les exigences de rigueur et des performances que j’impose incommodent et mettent en difficulté ceux qui ont établi des titres fonciers au CNOG. La conduite du changement est toujours sujet de mécontentements. J’ai été quelques années aux côtés du Président Folquet et suis demeuré à ma place.
Mon SG, après l’AVC du président Folquet était l’administrateur, sans aucun contrôle du CNOG, des habitudes se sont créées; nous sommes en présence d’une défiance de l’autorité qu’il revendique maladroitement. Ma présence et les quelques résultats réalisés agacent peut-être.
Cette fronde latente vous inquiète-t-elle ?
En dépit du fait qu’elle présente un spectacle nauséabond du sport qui souffre déjà, en dehors du football, d’une très mauvaise réputation, les agissements et les ambitions affichées par les frondeurs cachent mal l’inertie dans lequel, en coupe réglée, le CNOG a été maintenu. Qu’il soit reproché au président de violer les statuts, d’atteinte à la bonne gouvernance ou de malversations serait plus sérieux comme faute grave, pas la démission de membres qui du reste, sont bénévoles, donc non rétribués pour leur travail au CNOG. J’ai confiance aux instances du CIO qui est une organisation internationale sérieuse.
M. Le Président votre SG est pressenti comme futur Secrétaire Général de la zone 4. Et quelques jours après, vous annoncez votre candidature à la présidence de la même zone 4.
Je suis surpris que toute la presse présente ainsi les choses. Cela dénote encore une fois d’une grande méconnaissance du contexte et des règlements de cette organisation, volontairement occulté par ceux qui en tirent un profit.

La fonction de SG de l’ACNOA zone 4 n’est pas élective, c’est le bureau élu constitué par le Président, le VP et le trésorier qui nomme le SG. C’est à la faveur d’une entente abjecte avec celui qui sera mon concurrent à la présidence, le Président du CNO Tchadien, que mon SG espère être nommé ; c’est une promesse qui lui a été faite. Pourquoi se contenter du Secrétariat lorsqu’on peut avoir la Présidence ?
L’alliance avec une force étrangère pour faire battre son propre président n’a rien de gratifiant. A tout le moins, c’est mépriser notre pays en le présentant comme un état sans conscience patriotique.
L’ambition de permettre à un gabonais d’accéder à la tête d’une organisation continentale voire internationale a été affirmée par mes soins dés mon accession à la tête du CNOG car j’avais constaté pour le déplorer qu’aucun gabonais ne dirige une confédération sportive ; on y trouve tous les autres ouest africains, ressortissants du Maghreb ou d ‘Afrique du Sud mais pas de Gabonais.
Ma candidature a été actée par la note de service N° 008/ACNOAZ4/P/SG/24 du SG de l’ACNOA zone 4 qui fait bien état de deux candidatures pour la Présidence de l’ACNOA zone 4. Mais dites-moi, la candidature d’un SG ne doit elle pas être présentée par un CNO? Le SG d’une fédération nationale peut-il se présenter à un poste dans une confédération sans avoir l’autorisation du président de sa fédération ?
A vous entendre parler, vous ne vous êtes pas concertés avant alors ?
Je vous rappelle que sur le plan réglementaire, le SG est sous l’autorité du Président (art 8.1 RI). Il n’est même pas dans l’ordre de préséance dans la représentation immédiate du Président et c’est pourquoi il y a des VP. Même sans concertation, les usages professionnels voire la sagesse de notre culture bantou commandât que le subordonné s’effaça devant son supérieur hiérarchique afin qu’il n’y ait pas deux candidatures pour hypothéquer les chances du Gabon. Je vous laisse tirer les conclusions.
Un mot de fin ?
J’invite au respect des statuts du CNOG et surtout respecter cette puissante et respectable organisation qu’est le CIO car nous sommes son ambassade au Gabon. A l’ère de la restauration, dépouillons-nous de nos oripeaux et empruntons le train du progrès et des grandes réalisations.
Notre sport et notre jeunesse méritent de voir des médailles et du rêve plutôt qu’un combat de coqs. Le temps des élections arrivera. Pour l’instant, nous sommes dans le temps des actes et des bilans pour chacun. De nombreux défis nous attendent: le master exécutif que nous ouvrons dans quelques jours, le début de la préparation des jeunes talents qui se rendront aux Jeux Olympiques des jeunes de Dakar en 2026, peut-être la gestion de la zone. Curieusement, notre attention est malheureusement détournée par une ambition nombriliste ».